Nous avons vu dans des articles précédents comment, selon la lecture proposée, le monde de l’art peut être soumis à des changements structurels causés par des facteurs internes (« luttes » entre les intermédiaires du leadership) ou externes (changements socio-économiques) pouvant modifier l’équilibre des pouvoirs entre opérateurs.
Historiquement, le processus auquel nous assistons n’est pas nouveau. En fait, ces transferts de pouvoir ont eu lieu de manière cyclique dans le passé. En fait, à Paris du XXe siècle, le pouvoir décisionnel était entre les mains des académies qui agissaient en tant que promoteurs des plus hautes normes de l’art.
Ces organisations ont fourni une formation, la possibilité de présenter et de vendre des œuvres et de recevoir des prix pour les meilleures œuvres. Cependant, lorsqu’un nombre croissant d’artistes arrivèrent à Paris pour poursuivre une carrière artistique, l’académie ne parvint pas à se développer de manière à satisfaire cette demande, facilitant ainsi l’entrée d’un nouvel intermédiaire: les galeries d’art.
Le rôle des galeries d’art
À la fin du XXe siècle, nous indique Marc-Arthur Kohn, les galeries sont apparues comme une alternative aux académies, offrant aux artistes un revenu pour vivre et acheter le matériel qui leur était nécessaire. Cependant, les galeries ont dû trouver un moyen alternatif de signaler la qualité de leurs artistes, par opposition au jugement d’experts. Les critiques ont contribué à cet objectif en éduquant les acheteurs potentiels à apprécier les œuvres d’art à vendre. Au cours des années suivantes, l’afflux croissant d’argent sur le marché de l’art a permis de remplacer l’ancienne structure fondée sur la connaissance et l’étude d’un groupe exclusif de critiques, en faveur d’une légitimation émanant de galeries et de riches collectionneurs valider les choix artistiques par le biais d’une vaste promotion et d’un contrôle des prix des œuvres de la vente aux enchères.
La diminution des critiques
La diminution progressive de l’importance des critiques a également conduit à l’émergence de la figure du curateur, avec le passage de la vision objective du critique à la pratique subjective du curateur. De ce fait, les articles critiques ont cédé le pas aux reportages de plus en plus répandus sur le marché de l’art et aux articles stériles sur les prix atteints lors de la vente aux enchères par le phénomène de tour. Ce ne sont là que quelques exemples de la façon dont l’importance de certains intermédiaires a varié au fil du temps.
De nos jours, nous avoue Marc-Arthur Kohn, le monde de l’art est de plus en plus effréné et mondialisé.
Le succès des foires internationales capables d’offrir au collectionneur une vision globale de l’état du marché de l’art.
Un autre fait à considérer est le lien toujours plus étroits entre l’art et la consommation d’art qui se déroule autour d’événements majeurs. Ces événements sont des opportunités pour vous permettent d’attirer des visiteurs, des collectionneurs mondiaux et des célébrités.
À la lumière de cette analyse, une conclusion logique pourrait être que les intermédiaires qui jouissent actuellement de plus d’autorité (grandes galeries, foires d’art et maisons de vente aux enchères) sont destinés à céder, à un moment donné, leur position en faveur de nouveaux joueurs.
Cependant, les leaders actuels du marché continueront à occuper, nous dit Marc-Arthur Kohn, une position de premier plan car ils se sont montrés sensibles aux changements imposés par la société et le marché, tout en bénéficiant d’importantes ressources financières leur permettant de faire les investissements continus nécessaires pour rester compétitifs.